Épisode 3
Création de l’École des Mines de Saint Etienne
Lors du précèdent épisode, nous avons vu pourquoi et dans quelles circonstances avait été créée l’École des Mines de Paris. Voyons maintenant la suite de cette formidable saga.
L’École des Mines de Paris a été définitivement crée par ordonnance royale du 2 août 1816 après la suppression des deux écoles pratiques situées en Sarre et en Savoie. Mais cette école ne suffit pas à répondre aux besoins de l’industrie minière.
Il est donc décidé d’adjoindre à l’École des Mines de Paris, confirmée dans ses objectifs initiaux, une école technique sous l’appellation d’École des Mineurs et de l’implanter dans une zone où se situe un bassin minier important.
Après moult hésitations, l’école ouvre ses portes à Montaud le 9 février 1818 avec les matériels des deux écoles précitées (en Sarre et Savoie) non récupérés par l’École des Mines de Paris, c’est à dire peu de chose...
Diverses évolutions interviennent rapidement dans la formation de deux années, la rendant plus scientifique. Cette évolution est reconnue par l’ordonnance du 7 mars 1831 qui permet à l’école à devenir une école différente d’une simple école de maîtres mineurs.
Parallèlement est créé une classe ouvrière gratuite destinée à l’enseignement des maîtres mineurs, mais cette initiative est un échec et ferme en 1848, relancée en 1851 elle connaît le même destin, destin peut-être un peu aidé mais rien ne permet de l’affirmer...
En 1877 la mise en place d’une troisième année d’études et l’évolution des modalités d’admission des élèves finissent par aboutir en 1887 à considérer que la formation dispensée dans l’école est équivalente à cette de l’École Centrale et de l’École des Mines de Paris.
Ces évolutions tout à fait significatives ne vont pas sans poser de problème de locaux pour l’école.
Dès l’origine, comme exposé précédemment, l’école est implantée dans une maison en location, comportant 3 étages, rue d’Artois à Montaud. (Montaud est une commune créée sous la révolution. Son développement industriel au XIXe siècle est dû à l'exploitation du charbon et à la rubanerie appelée parfois passementerie car les tisseurs de rubans sont désignés dans la région sous le terme de passementiers. Ils fabriquaient des rubans de soie. Montaud sera rattachée à Saint Etienne en 1855)
En 1843, le directeur de l’école décide de trouver un nouveau local pour l’école, il est autorisé à acquérir un terrain de 124 000M2, l’école y emménage après deux années de travaux. Mais les bâtiments sont rapidement altérés par les travaux miniers de la compagnie des mines de VIlleboeuf.
Cette Compagnie des mines du bassin houiller de la Loire, située sur la commune de Saint-Étienne fut créée en 1824 et mise en liquidation judiciaire en 1928.
Elle exploitait la concession de Villebœuf (212 hectares) à l'emplacement de l'actuel Jardin des Plantes. Elle employait vers 1900, 542 ouvriers dont 376 mineurs de fond.
De taille modeste comparée à ses concurrentes, c'était la plus « urbaine » des compagnies du bassin, implantée à proximité immédiate de la ville dans un secteur alors en pleine mutation (Cours Fauriel, promenade de l'Heurton, avenue de la Libération).
La proximité immédiate du quartier de l'armurerie, des équipements importants (lycée Claude-Fauriel, Hôpital de la Charité) conduisait le conseil municipal à s'opposer régulièrement à l'extension de son périmètre d'exploitation. Les nombreux litiges pour dégâts de surface entraînent sa faillite en 1928).
Suite aux nombreux dommages dus à l’exploitation minière l’école déménage une nouvelle fois en 1927 pour s’implanter cours Fauriel. Elle s’y trouve toujours aujourd’hui. Elle a depuis créé une antenne à Gardanne avec la micro électronique comme pôle scientifique, mais c’est une autre histoire.
Pour l’anecdote, le 3 septembre 2007, Charbonnages de France a officiellement renoncé à la concession de Villebœuf (publication au JO le 3 novembre 2007). Tout vient à point qui sait attendre.
JC Duriez